Il y a des collaborations qui vous marquent plus que d’autres. Quand j’ai rencontré Audrey du Domaine de Cassagnol, c’était pour l’accompagner dans la refonte de son site internet. Une mission parmi d’autres, me disais-je. Et puis… j’ai découvert bien plus qu’un projet à structurer. J’ai découvert une femme. Une jeune maman pétillante, drôle, déterminée, ancrée dans son terroir et tournée vers l’avenir.
Au fil de nos échanges, entre choix de couleurs, récits de cuvées et organisation des pages, j’ai eu le sentiment de pénétrer dans une bulle familiale bouillonnante de vie, d’envie et d’audace. Ce que je vous raconte ici, ce n’est pas juste l’histoire d’un domaine viticole ardéchois. C’est un portrait vivant, celui d’Audrey, vigneronne moderne et passionnée, d’un duo fraternel qui cultive bien plus que de la vigne, et d’un lieu enchanteur niché au bord du Chassezac.
La première fois qu’Audrey m’a parlé de son domaine, c’était avec ce regard à la fois fier et modeste de ceux qui savent d’où ils viennent. Pas besoin d’en faire trop : son énergie parlait pour elle. Très vite, j’ai compris qu’elle avait à cœur de proposer un site fidèle à ce qu’elle est : simple, vrai, chaleureux.
Juste l’envie d’expliquer, de partager. De parler du domaine avec des mots qui résonnent avec leur façon de travailler : en famille, avec les mains dans la terre et les pieds bien ancrés dans le sol ardéchois.
Et puis il y a eu ce petit éclat dans la voix quand elle m’a parlé de son frère, de leur complicité, de leur aventure commune. Et ce sourire quand elle m’a dit qu’elle jouait aussi au rugby, dans l’équipe féminine de l’Ovalie. J’ai su à ce moment-là que j’avais en face de moi une femme qui ne s’oublie pas, qui compose avec tous ses rôles sans en abandonner aucun.
Le Domaine de Cassagnol, c’est d’abord une histoire de famille. Une exploitation transmise, respectée, mais aussi rêvée et retravaillée par une nouvelle génération. Audrey a toujours su qu’elle reprendrait un jour. Elle s’est formée, a étudiée la viticulture, et s’est lancée naturellement dans l’aventure. Simon, son frère, lui, est arrivé un peu différemment, presque par glissement, mais avec la même passion.
Aujourd’hui, ils avancent ensemble. Ils partagent les responsabilités, se soutiennent, se complètent. Et ça se sent. Rien n’est laissé au hasard, mais tout est fait dans la bonne humeur. Ils travaillent avec cœur, mais aussi avec rigueur.
Ils ont fait le choix de rester sur l’IGP Ardèche, par conviction. Cette Indication Géographique Protégée leur offre une liberté de création, tout en revendiquant leur ancrage dans le terroir local. Ils ne cherchent pas à coller à un modèle, mais à exprimer leur propre style.
Ce style, on le retrouve dans leurs vins, bien sûr. Mais aussi dans leur communication. Affiches sportives, photos vivantes, mise en avant de leur vie quotidienne : On vit, on bouge, on rit. Et on boit bon.
Ce qui m’a le plus impressionnée chez Audrey, c’est sa capacité à jongler. Maman de jeunes enfants, entrepreneuse, communicante, vigneronne, et aussi... joueuse de rugby ! Elle n’a pas laissé ses passions au vestiaire. Elle les revendique, les incarne.
Sur le terrain comme dans les vignes, elle défend des valeurs : engagement, solidarité, dépassement de soi. Et ça infuse jusque dans leur manière de travailler en famille. Elle n’a pas peur d’être féminine dans un univers encore masculin, ni de faire entendre sa voix.
Elle m’a parlé d’une journée type, entre le chai, les commandes, les réunions, les moments avec ses enfants, les entraînements. J’en étais presque essoufflée. Mais elle, elle rayonne. Elle donne envie de croire que tout est possible quand on est bien entourée et qu’on croit à son projet.
Le Domaine est posé là, tranquillement, au bord du Chassezac. Une rivière parfois oubliée, éclipsée par la notoriété des Gorges de l’Ardèche, mais qui mérite pourtant toute notre attention. Car ici aussi, il y a des gorges. Des falaises. Une nature brute et généreuse.
Les vignes s’étendent entre rivière et forêt, bercées par le chant des cigales et le souffle chaud du vent d’été. Il y a quelque chose de simple et de magique à la fois. Ici, tout est vivant.
Et pour ceux qui veulent prolonger l’expérience, Audrey et son frère ont aussi un petit camping Le Pousadou au milieu des champs. Quelques emplacements, une ambiance calme et familiale, des apéros à la fraîcheur du soir, et bien sûr... du bon vin à portée de verre.
L’été, ils proposent aussi des activités œnotouristiques : visites du domaine, dégustations commentées, balades autour des vignes, moments de partage en petit comité. De la générosité et de la sincérité. Et ça, ça vaut tous les discours du monde.
Depuis quelques années, le domaine est entré en conversion bio, avec une volonté claire : travailler la vigne avec respect, sans artifices. C’est un choix exigeant, mais qui fait sens pour eux.
Ils ont aussi obtenu la labellisation HVE – Haute Valeur Environnementale, qui atteste de leurs bonnes pratiques : respect de la biodiversité, limitation des intrants, gestion de l’eau raisonnée… Ce n’est pas qu’un logo, c’est une vraie philosophie de travail.
Et cerise sur le cep : ils sont également labellisés Vigneron Indépendant. Une reconnaissance importante pour eux, qui revendiquent leur autonomie, leur implication à toutes les étapes de production, et leur lien direct avec les consommateurs.
Tout cela, ils ne le crient pas sur tous les toits. Mais ils le vivent, ils le partagent, ils l’incarnent. Et c’est ça, au fond, le plus fort.
Travailler sous l’IGP Ardèche, c’est faire le choix d’une appellation souple, mais profondément territoriale. C’est revendiquer un sol, un climat, un savoir-faire, tout en laissant la porte ouverte à l’innovation.
Audrey et son frère s’y sentent bien. Ils y trouvent la liberté de créer, de tester, de faire des cuvées qui leur ressemblent. Et en même temps, ils s’inscrivent dans une dynamique collective, avec d’autres vignerons qui, comme eux, font bouger les lignes.
L’Ardèche viticole est en pleine mutation. Moins connue que certains grands vignobles, elle attire aujourd’hui des regards nouveaux. Et c’est aussi grâce à des domaines comme Cassagnol, qui allient authenticité, engagement, et modernité.
En quittant Audrey après la livraison de son site, j’ai eu le sentiment d’avoir reçu bien plus qu’un brief ou des retours sur une maquette. J’avais reçu une leçon d’enthousiasme, de simplicité, et de courage. Et trouver une acolyte de dégustations et de découvertes.
Le Domaine de Cassagnol est à son image : vivant, souriant, sincère. C’est un lieu à découvrir absolument si vous passez en Ardèche. Que ce soit pour goûter leurs cuvées, planter votre tente au bord du Chassezac, ou simplement échanger avec des passionnés, vous ne serez pas déçus.
Moi, j’en suis repartie avec l’envie de raconter leur histoire. Parce qu’elle en vaut la peine. Parce qu’elle fait du bien. Parce qu’elle montre que le vin, ce n’est pas juste une affaire de cépages ou de médailles. C’est une affaire de cœur, de famille, et d’ancrage.